Allier les savoir-faire bioclimatiques de la Finlande, de l’île de La Réunion et du Golfe Normand-Breton, c’est possible. C’est dans le pays de la baie du Mont-Saint-Michel que Pierre Lognoné, innovateur dans la nutrition-santé entre la France et l’Allemagne, a finalement trouvé l’endroit idéal pour construire une maison qu’il voulait le plus écologique possible. Ossature bois isolée en laine de chanvre, chauffage solaire … Et comme particularité, un bardage en peuplier rectifié. Tout un programme !

Aux premiers abords, elle surprend : sa couleur bien sûr, et ce lambrequin (très fréquent à La Réunion, île de ses nombreux voyages dans l’Océan indien avec les Seychelles) qui court le long des toitures. Et puis viennent les capteurs solaires, beaucoup plus familiers, et la passion de son concepteur, que l’on retrouve chez de nombreux propriétaires de maisons écologiques.

« C’est ma quatrième maison, alors j’ai fait attention à l’environnement » expliquait en 2005 Pierre Lognoné avec la sourire de l’homme heureux qui avait trouvé une place de rêve. C’est qu’elle en faire rêver plus d’un cette place : un terrain plat, légèrement encaissé, planté de quatre chênes centenaires au sud et d’une rangée de conifères au nord (ça sent bon le bioclimatisme !), le tout à la sortie d’un petit hameau : Dragey-Ronthon. « Nous ne sommes pas isolés mais indépendants, ça se passe bien avec les voisins » se réjouit-il.

Mais au-delà du site, il y a le décor : la baie du Mont-Saint-Michel avec son rocher et son abbaye que garde, bienveillant, le célèbre archange. Quelle magie ! Epaulé par l’architecte conseil du CAUE (Conseil de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement) de la Manche, Pierre Lognoné a soigneusement étudié l’insertion dans le paysage. « Nous sommes en limite de la zone de protection du Mont-Saint-Michel, et lorsque l’administration a pris connaissance du projet, et lorsque l’administration a pris connaissance du projet, ils n’ont fait qu’une remarque à propos de la couleur de la maison, initialement blanche, se rappelle-t-il. Finalement, la proposition de ce vert les a séduits. » Pour renforcer le côte « verdoyant » du lieu, Pierre Lognoné a refait les talus avec l’appui de la chambre d’agriculture. Le paysagiste lui a suggéré de semer également des fleurs rustiques pour créer un environnement « bien sympathique » autour des talus. Les arbustes et arbres plantés prolongent leur démarche d’intégration en servant également de coupe-vent.

L’intégration des capteurs est elle aussi bien réussie. Chaque toiture sud supporte 10m2 de capteurs. Pierre Lognoné n’en est pas à son premier coup d’essai. Il y a plus de 40 ans, dans une de ces précédentes maisons, il avait tenté une installation solaire, mais très mal conçue, elle ne marchait presque jamais. Cette fâcheuse expérience ne l’a pas découragé pour autant. « J’ai fait faire les études thermiques par l’entreprise Clipsol (basée à Aix-les-Bains – 73), et c’est une entreprise locale qui a fait l’installation. Les 20m2 de capteurs alimentent un plancher solaire direction (PSD). Le liquide caloporteur passe par un ballon tampon de 300 litres avant de circuler dans les tuyaux en PER (polyéthylène réticulé) noyés dans les dalles du rez-de-chaussée et de l’étage. »

Tout en pianotant sur le tableau lumineux du PSD, dans un local technique tout pimpant, Pierre Lognoné égrainait dès 2005 une série de chiffres : « Actuellement, la température extérieure est de 27,5 °C contre 22°C pour celle de la maison, le haut du ballon est à 75°C, le départ du plancher chauffant à 40° C – il est débranché car nous ne chauffons pas en ce moment – et les capteurs 97°C. » Il se retournait en souriant et rajoutait « et nous sommes en début de soirée en septembre ! ». L’appoint est fourni par une petite pompe à chaleur de 2,5Kw air/eau. Elle ne marche qu’en hiver quand il n’y a pas de soleil. Un poêle à bois (installé dans la pièce principale), équipé d’un revêtement en stéatite (pierre d’une forte capacité d’accumulation de chaleur), complète l’installation.

Pierre Lognoné, qui caressait le projet d’être un jour autonome, imaginait une petite éolienne au fond du terrain. Qui servirait aussi pour la voiture électrique dont il suivait les dernières évolutions…

Kevin LOGNONÉ